2006, par Webmaster
Regroupements de différents textes historiques tirés d’anciens livres.
Par LEMOINE Vincent
1ère partie
2ème partie
Présentation
Bisseuil est un village de 486 habit. situé à 25 kil. de Reims, dans la vallée de la Marne près de cette rivière, entre Mareuil et Tours sur marne. Il est traversé par le canal. Sauf l’église, le presbytère et quelques rares maisons, il fut entièrement reconstruit sur un plan régulier au XVIIIe siècle, à la suite de deux violents incendies en 1754 et 1768.Il ne reste aucune trace de ses portes ni de ses anciens remparts, qui en firent au XVIe siècle une petite place de guerre. Cependant, on voit encore, à l’est et à l’ouest du village, une suite de fossés assez larges, qui vont de la Marne jusqu’au canal actuel. L’église est le seul monument ; elle offre d’ailleurs un véritable intérêt, surtout à l’intérieur.
I. - Eglise paroissiale Saint-Hélain
RENSEIGNEMENTS HISTORIQUES.
L’église actuelle de Bisseuil remonte à la fin du XIIe siècle ou au commencement du XIIIe, mais il ne subsiste de cette construction que le bras nord du transept, et le reste de l’édifice a été rebâti vers la fin du XVe siècle. La fondation de la paroisse remonte à une époque beaucoup plus reculée. Le patron paraît avoir toujours été saint Hélain, compagnon de saint Gibrien, venu d’Irlande à l’époque de saint Rémi, et inhumé à Bisseuil d’après la martyrologe de saint Timothée de Reims. Le pouillé du XIVe siècle mentionne ce seul vocable, et donne comme présentateur à la cure l’abbé de Saint-Nicaise de Reims. C’était lui aussi qui était le principal décimateur du lieu, d’après les procès-verbaux de visites et les pouillés des XVIIe et XVIIIe siècles. Ces documents nous donnent en outre l’indication d’une relique de saint-Hélain conservée dans l’église, les vocables des autels secondaires et le nom des seigneurs à ces époques. Il y est question de l’incendie de 1768 de la reconstruction du clocher. Enfin, le pouillé de Bauny, le dernier qui fut dressé avant la Révolution, précise l’état de choses à ce moment. Notre époque vit reconstruire, en 1848, la façade du portail et la première travée de la nef. Malgré le délabrement des murailles à l’extérieur, l’ensemble, surtout l’intérieur, se maintient en bon état.
II. - Ancienne chapelle Saint-Gibrien de Chézy.
En face de Bisseuil, de l’autre côté de la Marne, mais sur son territoire, on montre l’emplacement d’un ancien village du nom de Chézy ou Chiézy, dont la seigneurie appartenait à l’abbaye de Saint-Rémi de Reims. Il y avait là une chapelle qui fut démolie au milieu du XVIIIe siècle. Un procès-verbal en relata les dimensions et l’état défectueux quelque temps avant sa disparition. A la fin du XVIIIe siècle, une croix en fer marquait seule l’endroit du village et de la chapelle, dont les derniers vestiges ont actuellement disparu. La croix elle-même a été enlevée il y a une quinzaine d’années, et le socle en est seul conservé au cimetière.
III. - Anciens remparts, pont.
Comme les villages voisins, Bisseuil a eu son enceinte de fossés et des remparts en terre, qui formaient des retranchements assez importants au XVIe siècle pour avoir été l’objet d’un siège, d’une prise, d’une reprise et d’une capitulation au moment de la Ligue. Les fossés seuls, plantés de saules, ont laissé des traces visibles au levant et au couchant. Il ne reste plus d’autres vestiges de ces fortifications, dont parlent tous ceux qui ont écrit sur cette commune, et que Claude Chastillon reproduisit dans une vue gravée à son époque. La topographie françoise de cet auteur offre, en effet, une vue très curieuse de Bisseuil (éd. de 1648, pl. 82). Ce bourg y est représenté comme une place d’une certaine importance, fortifiée de toutes parts et environnée de troupes qui en font siège en règle. L’enceinte, flanquée de tours défendue par un fossé, a la forme d’un quadrilatère à peu près régulier, sauf ver le nord-est où elle présente un angle rentrant ; le côté sud est baigné par la Marne. Deux portes munies de tours s’ouvrent, l’une au nord, l’autre au midi sur la rivière, en face d’un pont de bois. L’église apparaît dans l’intérieur du bourg, un peu sur la gauche ; elle possède à la croisée du transept une tour assez forte surmontée d’un clocher. Derrière son chevet, à quelque distance et vers le centre de la ville, s’élève un bâtiment qui domine les maisons voisines et semble être flanqué de contreforts. La destination en est difficile à préciser ; c’est peut-être une grange ou une halle. L’horizon est borné au nord-ouest par des coteaux plantés de vignes, et au nord-est par un monticule assez élevé qui porte aujourd’hui le nom de Mont-Aigu, et au sommet duquel on retrouverait, dit-on, des traces de fondations. Au premier abord, on a quelque peine à reconnaître, dans cette place forte, le modeste village d’aujourd’hui ; mais l’identification ne saurait être douteuse. Le nom de Bisseuil est inscrit en toutes lettres sur la gravure, et la table placée en tête de la Topographie françoise complète ce renseignement en nous apprenant qu’il s’agit bien de " Biseuil ou Busseuil en Champagne". D’ailleurs la situation du bourg, la position de l’église, tous les principaux traits, en un mot, concordent très bien avec les données topographiques actuelles. Chastillon, qui n’est pas ordinairement d’une précision bien rigoureuse a pu seulement exagérer quelque peu l’importance de Bisseuil. On a gardé mémoire d’une tour qui aurait encore existé à la fin du dernier siècle "dans la partie basse du village, tout près du rivage de la Marne". Enfin, dans la partie haute, on a trouvé vers 1876, en creusant une cave, "une espèce de souterrain assez profond", mais ces vestiges sont loin de reconstituer l’ancienne forteresse. Ajoutons encore cet intéressant détail relevé à propos dans la Statistique de Bisseuil en 1844 et relatif à des trouvailles modernes : "En creusant le canal dans le village de Bisseuil, on a vu des décombres de bâtiment et retrouvé à un endroit appelé Pont de la Brèche des boulets de plusieurs calibres, des fusils de remparts et autres objets de guerre. Les uns furent envoyés à Paris, les autres sont à la maison commune de Bisseuil." Bisseuil communique avec la rive gauche de la Marne par un beau pont en pierre, formé de trois piles terminées en éperon et de deux culées dont la maçonnerie paraît ancienne ; un tablier moderne en fer le recouvre. La reconstruction de ce pont avait eu lieu vers 1787.
Extraits de livres historiques
Dictionnaire historique des communes de la Champagne - Tome I A. GIRAULT DE SAINT-FARGEAU / Les éditions du Bastion
BISSEUIL, joli village, Marne (Champagne), arr. et à 25 k. de Reims, cant. d’Ay. P. 634 h.
La Marne E. BADIN et M. QUANTIN - Les éditions de la tour gile
BISSEUIL, village. sur la rive droite de la Marne, à 6 Kil. E. d’Ay, 25 kil. de Reims.
Dictionnaire des communes J. Chalette / Res Universis
BISSEUIL, (de buscus, bois) -* Eglise remarquable par ses voûtes , -* Moulin à vent -* Patron : St Hélain Ce village, autrefois entouré de fossées, rebâti avec régularité après les incendies de 1754 et de 1768, au bord de la Marne et sur la pente douce d’un mont élevé de 130 mètres au-dessus du niveau de la mer, est traversé par le canal latéral, sur lequel il y a deux ponts. Il possède une maison commune, servant d’école, un presbytère, une pompe à incendie ; et, pour écarts, les maisons de Chézy. Les habitants engraissent des veaux et boivent de l’eau saine et reposant sur la craie, à la profondeur de 10 à 20 mètres. Le choléra, en 1832, y fait mourir quinze hommes et quinze femmes sur cent quarante-deux malades. Le sol se compose de terres friables, calcaires et de terres argileuses, et convient principalement au froment, à l’orge et à la luzerne. Le territoire, long de 5 kilomètres et large de 3, contient 1,003 hectares, dont 714 en terres labourables, 103 en prés ; 58 en vignes, 44 en bois, 19 en oseraies, 1 en bois de pins, etc. Cent laboureurs y font 230 hectares de prés artificiels qu’ils stimulent avec le plâtre et la cendre, indifféremment. Le fumier ne manque pas dans ce territoire, des carrières de craie, de pierre à chaux grasse et hydraulique, de terre à carreaux, du sable, de la grève et du gravier de rivière. Le cent de blocs de craie se vend six francs.
Extrait du site internet Quid.fr
Site de la fin du néolithique, occupé à l’époque de la Tène puis à l’époque gallo-romaine. Cité pour la première fois en 1125 et mentionné dans le cartulaire de Saint-Nicaise en 1136, il dépendait du doyenné d’Epernay.
Sépulture double fin néolithique. Traces d’habitat de la Tène à Chézy. Céramiques gallo-romaines des Noires Fosses.
Eglise* 13ème/16ème (MH) : bras nord de l’ancien transept 13ème, nef* avec collatéraux 15ème/16ème, façade 1848, portail sud flamboyant, abside à 5 pans 15ème/16ème, chapiteaux décorés des grandes arcades ; Vierge lorraine assise* 14ème, toile de Mansuet 17ème, tabernacle 18ème.
Vallée de la Marne. Canal latéral de la Marne. Parc naturel régional de la Montagne de Reims*.
Pâturages. Vigne. Appellation Champagne. Bovins, porcins. Apiculture. Coopérative agricole.
Fête patronale et communale : dernier dim. mai.
* : Notoire - ** : Exceptionnel - IMH : Inscrit Monument Historique MH : Monument Historique - SI : Site Inscrit - SC : Site Classé
« l’Histoire et la légende de Bisseuil »
extrait du journal du parc naturel régional de la Montagne de Reims.
Les ponts de Bisseuil
La commune de Bisseuil possède un pont tournant qui domine la Marne. La rivière, élément hydrographique du paysage, donna pendant un temps son nom à la commune : « Buisseul-sur-Marne » est cité en 1469. De même, les habitants se désignaient « ceux d’en haut » et « ceux d’en bas » en référence à la rivière. Le pont quant à lui intéressait aux XVIIIème siècle l’un des serviteurs les plus importants de l’Etat, Trudaine.
En 1759, le pont à bascule de Bisseuil était en mauvais état, les habitants demandent à l’administration des Ponts et chaussées de le réparer. Des enquêteurs sont envoyés sur place afin de définir les responsabilités de chacun. Les mariniers figurent alors parmi les accusés : « Les mariniers de Chalons, Vitry et autres endroits dont les bateaux sont obligés de passer sous le pont de Bisseuil doivent contribuer au paiement des réparations qui sont à y faire par ce que les mariniers levant et baissant souvent avec peu de précautions la bascule de ce pont, ils en occasionnent les principales dégradations. Mais les habitants ont observé que ces mariniers ne faisaient que lever la bascule pour y passer et que c’était la première personne qui se trouvait sur le pont après le passage qui la baissait et que comme ce n’était qu’en baissant et non pas en levant cette bascule que l’on pouvoir endommager le pont, ils ne croient pas que l’on puisse obliger ces mariniers de contribuer en rien à le rétablir ». Les habitants accusent, eux, les fermiers qui possèdent des terres de l’autre côté de la rivière et qui font passer de nombreux attelages malmenant ainsi le pont ! Au final le pont est réparé mais… à la charge de tous les habitants et propriétaires des biens, pour un montant total de 4700 livres réglé en quatre années. J’ai l’honneur de vous envoyer l’expédition de l’arrêt du conseil qui confirme l’adjudication des ouvrages à faire au pont de charpente de la paroisse de Bisseuil sur la rivière de Marne, et qui ordonne que le prix montant à 4700 livres sera imposé en quatre années sur tous les habitants et propriétaires des biens dans l’étendue de la dite paroisse. Monsieur, votre humble et très obéissant serviteur. Signé : Trudaine – Paris, le 2 septembre 1762. Pour autant les problèmes liés au pont ne sont pas terminés. Ainsi en 1782, un habitant de Bisseuil écrit : On vient de vous adresser, Monsieur, un mémoire qui intéresse les habitants de Bisseuil dépendant du Duché de Louvois. Je vous serai infiniment obligé d’en accélérer promptement l’envoi à Monsieur l’Intendant avec votre avis. La construction du pont demandée par ces habitants étant une chose instance. Vous savez sûrement comme moi, Monsieur, que Bisseuil, est une paroisse de la Champagne la plus pauvre et qu’elle n’est composée de malheureux journaliers qui vont travailler à la vigne à la journée à Ay, Avenay, Mareuil jusqu’à Epernay, que la dépense d’un pont ruinerait.
Car guères n’ont de cultures que ce qui leur en faut pour se procurer à peine du pain, chacun d’eux fait valoir leur petit champ et allant à la journée pour se procurer leur vêtements, les petites douceurs nécessaires à la vie le payer de leur imposition. C’est une paroisse qui demande à tous égards la protection du gouvernement. En effet un devis établi en 1783 chiffre le montant des réparations à 30 000 livres. En 1768, le village a subi un incendie entraînant des pertes considérables et des difficultés de paiement des impôts. Ce n’est que bien plus tard, en 1789, que des travaux de réfection seront entrepris pour sécuriser le pont.
Bibliographie
Les Vergers de Bisseuil, ancienne coutume marnaise, de P.Guillaume, in : « Bulletin du Comité du folklore champenois », 1938. Bisseuil, nécropole romaine, de Fromols, in : « Bulletin de la Société d’Archéologie de Champagne », 1939. Lettre de Mgr l’archevêque de Trajanapole, coadjuteur de Reims, en faveur des habitants de Bisseuil, incendiés (6 août 1768), s.d.
A propos des sources
Les textes de la Partie 1 proviennent du « Répertoire Archéologique de Reims » 9ème fascicule.
Les textes de la Partie 2 proviennent de livres et d’informations trouvées sur Internet.